La première fois que la Côte d’Ivoire a fait trembler le monde, c’était grâce au talent d’un homme. Un attaquant exceptionnel au réalisme déroutant pour lequel l’Empereur Éthiopien Hailé Sélassié s’est levé : Laurent N’Dri Pokou, l’Homme d’Asmara. Il avait 69 ans.
Laurent Pokou en club
Né le 10 Août 1947 dans la commune de Treichville, Laurent Pokou a connu une enfance mouvementée. Pour pratiquer sa passion, le petit génie a dû braver la chicotte de Papa.
Cadre de la Fonction Publique Ivoirienne, son père ne le voyait pas pousser un ballon avec ses pieds. Vision ferme qui disparaîtra progressivement derrière une double mutation du fonctionnaire d’Abidjan à Bouaké et inversement.
En effet, lors de sa seconde affectation, Édouard Pokou, le père de Laurent, demandera à son fils, peu studieux, de rester à Bouaké pour chercher du boulot : il deviendra footballeur. À 17 ans, aide-projectionniste dans un cinéma après avoir goûté au basket et à l’athlétisme à l’école, il sera coopté par le Standard, club d’un ami, où il débutera son aventure sur la pelouse.
Sur la cour du roi des sports, Laurent Pokou commence sa carrière professionnelle à l’ASEC d’Abidjan en 1966. Des dribbles et des buts qui lui ouvriront en 1974 les portes du Stade Rennais et en 1977 celles de l’AS Nancy-Lorraine, avant ses retours à Rennes en 1978 et à l’ASEC en 1979. Une seconde escale de 3 saisons au bout de laquelle le Rio Sports Anyama, entre 1982 et 1983, deviendra sa dernière écurie.
Laurent Pokou en sélection
Sous le maillot des Pachydermes, le roi Pokou est un monstre sacré. Dans les cœurs des Ivoiriens, il entrera définitivement dès ses 2 premières CAN, 1968 et 1970, en terminant troisième et quatrième avec sa sélection et meilleur buteur avec 6 et 8 buts.
14 réalisations, un total qui bien que resté inchangé après les participations de 1974 et 1980, fera de lui le meilleur marqueur de l’histoire de la compétition jusqu’en 2008, dépassé par le Camerounais Samuel Eto’o.
Le palmarès de Laurent Pokou
Même si en équipe nationale Laurent Pokou n’a rien gagné, en club il a rempli son armoire de trophées. Sous les couleurs jaunes des Actionnaires, le surnommé Dix pieds gagnera 4 Championnats en 1970, 1972, 1973 et 1980, et 6 Coupes Nationales, en 1967, 1968, 1969, 1970, 1972 et 1973. Une belle bagatelle conclue par un titre de champion Ivoirien de D2 à RS Anyama, pour celui qui aura terminé sur le podium du Ballon d’or africain en 1970 et 1973.
Laurent Pokou, l’entraîneur
En 1980, alors qu’il est encore un joueur des Mimos, Laurent Pokou est nommé entraîneur. Double casquette qu’il portera jusqu’à sa dernière année sur un terrain, 1983, à Anyama.
Installé sur la touche plus que jamais, Ballon Fatché, « le papa du ballon » en Dioula, reprendra le MA Abidjan en 1985 et l’US Yamoussoukro en 1988, laissant à ses adversaires du green, une réputation de virtuose. Héritier de Pelé, il a inspiré Didier Drogba :
« Je voyais Laurent Pokou comme un modèle. Toute mon enfance, que ce soit à Abidjan ou en France, il a alimenté ces conversations dès que venait le sujet du ballon, c’est-à-dire souvent… Il était notre porte-drapeau, notre héros », confiait la légende de Marseille et de Chelsea.