Les Super Eagles figurent incontestablement dans le top 5 des meilleures nations africaines de football. Vice-champion de la dernière Can, la qualité impressionnante de footballeurs que regorge ce pays, surtout hors des frontières constitue une barrière pour les joueurs locaux.
Depuis plus de 05 ans, les footballeurs nigérians évoluant dans le championnat professionnel du pays peinent à trouver plus d’une place dans chaque groupe des Super Eagles convoqués. De Gernot Rohr à José Peseiro, le constat est le même. Un joueur et pas plus à l’image de Ikechukwu Ezenwa (Katsina United FC) présent à la Can 2019, de John Noble (Can 2021) et Leke Ojo (Can 2023) tous deux derniers sociétaires d’Enyimba. Ces stats qui relèvent des trois dernières compétions continentales auxquelles ont participé la sélection du Nigéria, ne s’opposent aucunement à la majorité des listes dévoilées dans le cadre des journées Fifa. La dernière en date étant celle publiée le samedi 09 mars et qui ne comprenait que le gardien titulaire d’Enyimba Leke Ojo (unique joueur local présent à la Can Côte d’Ivoire 2023).
Une réalité pas au goût de tous
« Je ne pense pas qu’il soit juste de ne pas inviter les joueurs évoluant dans leur pays. Ne pas les inviter signifie que l’on ne se concentre pas sur le championnat », a déclaré Odion Ighalo à Oma Sports au lendemain de la pré-liste de 40 joueurs publiée par l’ex-sélectionneur José Peseiro en prélude à la Can 2023. L’attaquant du club de D1 saoudienne Al Wehda est allé plus loin dans son coup de gueule affirmant qu’au sein de ce premier groupe de 40 personnes «au moins cinq à sept joueurs devraient être sur la liste pour les encourager». Une position à l’époque partagée par plusieurs acteurs et amoureux du cuir rond dans le pays de l’emblématique Jay Jay Okocha.
Quelle explication possible pour cette réalité ?
Comme évoqué au début, le Nigéria plus qu’un pays de football, est un réservoir immense de ressources humaines dans tout secteur professionnel. Sa population estimée à plus de 200 millions d’habitants y compris ses citoyens de la diaspora offrent à tort et à raison un casse-tête à tout technicien en charge de l’équipe fanion. Nul besoin de citer l’intégralité des superstars de ce pays incroyablement, et divinement bénie d’essence, de pétrole et de gaz. Au regard des prestations de Victor Osimhen, Victor Boniface, Ademola Lookman, William Troost-Ekong, etc, il serait difficile, sinon presqu’impossible de les substituer par des locaux qui eux-mêmes ont à vendre. Aussi étincelants et performants qu’ils puissent être, les jeunes joueurs locaux à l’image entre autres de Albert Hilary, Alimi Sikiru, et Chijioke Mabaoma (tous meilleurs buteurs du championnat local depuis plusieurs saisons) doivent patienter et dans la mesure du possible attendre leur tour. Quitte-à s’expatrier pour avoir de meilleurs regards braqués sur eux.
S’expatrier forcément avant d’avoir sa chance ?
C’est l’une des plus grosses interrogations que se posent plusieurs amateurs. Mais du côté des joueurs, c’est un gros choix de carrière qui peut s’avérer bénéfique ou désastreux. Un footballeur du championnat local qui s’expatrie et qui ne s’impose pas dans sa nouvelle formation encore que, cette dernière doit être d’un calibre supérieur à son club nigérian de départ aura « bousillé sa carrière ». À contrario, ce serait un super graal remporté si ce dernier affichait les mêmes prestations et enchaînait les mêmes performances. Cas du jeune défenseur de 22 ans Benjamin Tanimu convoqué avec les Super Eagles pour les deux matchs amicaux à venir contre le Ghana et le Mali. L’actuel sociétaire du club tanzanien d’Ihefu Sc a quitté le 12 février 2024 Bendel Insurance pour un nouveau challenge qui vient de porter ses fruits. La réalité de ce jeune défenseur serait-elle une exception, ou une voie à suivre ? La question reste posée.