Le président de la Fédération Camerounaise de Football, Samuel Eto’o, est depuis quelques semaines la cible de plusieurs humiliations; mis en quarantaine par l’Etat du Cameroun dans la désignation du staff technique des Lions, le « patron » du football camerounais de l’est désormais que de nom: toute chose qui suggère l’urgence d’une démission.
Sur les sentiers de la mise en quarantaine
Samuel Eto’o est désormais à l’étroit, cela ne fait plus l’ombre d’aucun doute. Déjà sommé le 10 février dernier par le chef de l’Etat lors de son adresse à la jeunesse, Eto’o a encore vu de toutes les couleurs ces derniers jours, avec la problématique de la nomination du staff technique des Lions Indomptables. Mardi dernier, c’est à travers le journal télévisé de la chaîne nationale et les réseaux sociaux qu’il a découvert comme chaque citoyen, la nomination d’un nouveau staff technique à la tête des Lions indomptables. « Etonné » comme l’indique le premier communiqué de la fédération intervenu seulement 4 heures plus tard, il va marquer son désaccord envers ces nominations du Ministre des sports à travers une lettre à lui adressée jeudi en matinée.
«N’ayant été associés ni de près ni de loin au processus de présélection des candidatures aux postes à pourvoir (…) la Fédération camerounaise de football ne s’est pas joint au processus de recrutement des personnels nommés au sein de l’encadrement technique, administratif et médical de nos sélections nationales.
La fédération nationale ne saurait reconnaitre ces nominations effectuées en-dehors de tout cadre légal et règlementaire. Dans l’absolu, la Fecafoot ne saurait être partie prenante de cet acte dénué de tout fondement légal et ne saurait transiger avec les règlements supra nationaux et, encore moins avec les dispositions légales et règlementaires en vigueur dans notre pays.» pouvait-on lire dans cette correspondance de Samuel Eto’o, qui sonnait le tocsin de la contestation, une contestation vite réduite à néant par le Ministre.
La riposte ministérielle, le coup fatal !
Professeur agrégé de droit constitutionnel, Narcisse Mouelle Kombi, Ministre camerounais des sports et de l’éducation physique ne s’est pas fait prier pour recarder le président de la fédération. Il a tenu dans un premier temps à rappeler toutes les dispositions réglementaires ayant présidé à son acte de nomination, non sans rappeler le contexte d’urgence actuel décrété par le chef de l’Etat dans son discours du 10 février (…).
« Les membres des structures d’encadrement des sélectionsnationales de football sont recrutés, soit sur la base d’un contrat signé avec le Président de la Fédération Camerounaise de Football, après avis obligatoire du Ministre chargé des sports, soit sur la base d’une mise à disposition par l’Etat» rappelle le Ministre, conformément à la convention relative à la gestion des sélections nationales de football entre le MINSEP et la FECAFOOT du 05 février 2015, en son article 9 alinéa premier.
Dans sa réponse à la fédération, le ministre rappelle aussi à Samuel Eto’o que, les prétentions salariales des sélectionneurs proposés par la fédération étaient exhorbitante, avec des exigences aux antipodes du possible. Narcisse Mouelle Kombi termine sa lettre en rappelant à Samuel Eto’o que la Fédération n’est que délégataire (par l’Etat) de la gestion du football, ce qui suppose qu’en cas de nécessité, l’Etat pouvait lui retirer l’agrément. Un rappel qui sonne comme une grosse menace formelle à l’endroit de l’actuel président de la fédération.
Un staff technique anti – Eto’o !
Au regard des noms qui constituent le staff nommé par le Ministère des Sports, il se dégage un constat, c’est celui du caractère hostile des membres de ce staff vis à vis de Samuel Eto’o. Tous ou presque, ont chacun un antécédent, une rancoeur (justifiée ou non) envers Eto’o.
Le premier adjoint au sélectionneur, François Oman Biyik est un ancien Lion Indomptable de la génération glorieuse de 1990. À l’arrivée de Samuel Eto’o à la fédération, il était l’adjoint d’Antonio Conceicao, tout comme le Français Manouvrier (préparateur physique), le Professeur William Ngachu (médecin de l’équipe), tous limogés par Samuel Eto’o en 2022. En les ramenant dans le staff aujourd’hui, le Ministre des Sports se donne des garanties de fidélité, mais aussi d’hostilité envers le président de la Fédération qu’il faudra tenir bien loin de la sélection. Plus fort encore, le poste de coordonnateur des sélections nationales. Le Ministre a choisi pour ce poste un profil très hostile à Samuel Eto’o: Benjamin Didier Banlock, ancien Secrétaire général de la Fédération, qui avait démissionné de son poste en raison de comportements peu orthodoxes du président de la fédération Samuel Eto’o, qui avait par la suite intenté une action en justice contre lui. C’est clair, Eto’o est désormais encerclé par des personnes qui ne le portent pas particulièrement à coeur, mais bien au contraire.
L’urgence d’un désistement ?
C’est l’option la plus crédible et évidente qui s’offre actuellement à Samuel Eto’o. Le président de la fédération a malheureusement réussi à s’attirer l’hostilité de la machine étatique, qui certes prend du temps, mais finit toujours par « écraser » même les plus téméraires. Le désaveu est consommé, la déchéance est encours de digestion, il ne reste plus qu’à l’ancien capitaine des Lions indomptables de quitter le bateau football camerounais avant qu’il ne l’engloutisse. Samuel Eto’o a bousillé tout le capital sympathie et le grand respect engrangé sur les pelouses, auprès du public camerounais. La situation a atteint le point de non retour avec la radicalisation perceptible dans les actions du gouvernement vis-à-vis de l’ancien Pichichi. Et ce ne sont pas les conflits avec tous les acteurs du football qui vont arranger la situation.
