Ce dimanche 20 novembre marque le coup d’envoi de la 22e édition de la Coupe du monde de Football, une compétition à la quelle participent 5 nations africaines à l’histoire et à la notoriété bien établies. Mais est-ce suffisant pour légitimer l’ambition d’une édition plus réussie ? L’Afrique a-t-elle le droit de rêver ?
Le Sénégal, la Tunisie, le Maroc, le Cameroun et le Ghana sont les 5 ambassadeurs de la Confédération Africaine de Football au mondial qatari 2022. S’il y une chose qui puisse faire l’unanimité, c’est que le continent africain n’arrive pas au Qatar avec la faveur des pronostics, eu égard de plusieurs éléments, notamment les récentes performances africaines dans la compétition, mais aussi le niveau actuel de l’adversité qui semble plutôt défavorable au berceau de l’humanité. Face à ces éléments qui prédisposent l’Afrique à un voyage touristique au Qatar, l’on note cependant une réelle ambition affichée par plusieurs hommes de référence en Afrique, du moins dans le discours. Toute chose qui marque clairement une nette décolonisation et décomplexion de la pensée, et surtout de la mentalité africaine, mais aussi une rupture avec l’ancien logiciel.
Eto’o – Drogba à la baguette !
Au soir de la qualification in-extremis des Lions indomptables à Blida en mars dernier, Samuel Eto’o, président de la Fédération Camerounaise de Football avait annoncé les couleurs, et appelant au changement de mentalité: « On va au Qatar pour gagner. On entre dans chaque match pour gagner. Les autres n’ont pas fait la magie. Le rêve n’est pas défendu. Pour nous, vous êtes les meilleurs », a déclaré Samuel Eto’o devant les joueurs et le staff des lions. Des propos corroborés par Didier Drogba sur la NCI il y a quelques jours: «À partir du moment où on fait partie des 32 équipes qualifiées. Bien-sûr que c’est faisable… Je milite pour une équipe africaine championne du monde » a-t-il déclaré. À leurs déclarations, l’on pourrait ajouter Rabat Madjer et même l’ancien capitaine de la Seleçao, CAFU, qui voient des équipes africaines au second tour. Ce sont des discours qui tranchent radicalement avec l’ancien paradigme, qui préconisait l’apprentissage pour les nations africaines à chaque édition de coupe du monde.
Des raisons d’y croire, sur le terrain
Le rêve d’un dernier carré d’une coupe du monde pour l’Afrique ne saurait être disproportionné pour de nombreuses raisons. En effet l’Afrique par le passé, est souvent passée à quelques secondes d’atteindre cet objectif. En 1990, 2002 et 2010, des équipes du continent africain ont atteint les quarts de finale de la Coupe du monde. Le Cameroun, le Sénégal et le Ghana, respectivement, sont passés vraiment tout près de cet objectif. Le penalty de l’Anglais Gary Lineker en 90 face au Cameroun, un but à la 94e minute du Turc Ilhan face au Sénégal en 2002 et une main sur la ligne de Luis Suarez en 2010, un penalty sur la barre d’Asamoah Gyan, voilà quelques moments qui ont réduit à néant in-extremis le rêve africain par le passé.
À côté de ces répères sportifs historiques, il y a le fait que l’Afrique aujourd’hui regorge de grands talents capables de rivaliser avec tout autre joueur dans le monde. Avec Achraf Hakimi et Hakim Ziyech entre autres Coté marocain, le Cameroun bâti autour du trio Andre Onana – Zambo Anguissa – Choupo-Moting, le Ghana avec Iñaki Williams et Thomas Partey notamment, le Sénégal avec Kalidou Koulibali et Gana Gueye entre autres, l’Afrique regorge comme les autres, des joueurs de classe mondiale, et surtout décomplexés.
Le nivellement de valeur dans le football mondial actuel aidant, les nations africaines, bien que pas favorites sur le papier, ont de bien réelles raisons d’y croire. Il y a quelques jours encore, le Ghana battait la Suisse 2-0 en amical, et l’Égypte faisait de même face à la Belgique. Si ces deux succès peuvent paraître anecdotiques aux yeux d’une certaine opinion, il reste à noter que des scores de ce genre, favorables aux africains face aux européens, relèvent toutefois de l’inédit, car étant d’une rareté extrême par le passé. Si Edouard Mendy, a été élu meilleur gardien du monde en 2021sous les couleurs de Chelsea, si les enfants de l’Afrique évoluent avec les meilleurs au quotidien en club, cela suppose que le rêve est permis pour les nations africaines en Coupe du monde.